Le toucher est le plus essentiel – par son caractère indispensable mais aussi par son lien à l’Essence - de tous nos sens. La peau est d’ailleurs le premier de tous les organes à se développer ainsi que le plus grand en taille et en importance. Nos 160 à 190 cm2 d’enveloppe corporelle contiennent 640.000 récepteurs tactiles connectés au cerveau par plus de 500.000 nerfs. C’est dire si en touchant la peau on atteint l’esprit et tout ce qui s’y loge de conscient ou d’inconscient.
De la conscience de Soi à la création de lien
Il est possible de vivre sans la vue, l’odorat, l’ouïe, et même le goût. Ce n’est ni agréable, ni confortable. Cela peut même comporter des risques, mais on peut s’en accommoder. De l’absence de toucher, non. De nombreuses études démontrent que les nouveaux-nés qui ne sont pas touchés ne se développent pas normalement, que ce soit physiquement, intellectuellement, psychologiquement ou socialement. C’est en effet le contact physique qui nous permet de réaliser, en tout premier lieu, que nous avons un corps, avec une forme bien définie, des contours marqués, une texture… Que ce corps, qui contient notre structure squelettique, nos organes, est une partie de nous.
Ainsi, c’est le fait d’être touché qui amène la conscience du Soi. Et ce n’est qu’à partir de cette conscience de notre existence que nous pouvons créer des liens : entre nous-mêmes et notre corps, entre l’intérieur et l’extérieur de soi, avec l’autre, avec le monde… Et dans ce monde où tout est focalisé sur le visuel, et où les contacts sont de plus en plus virtuels, le toucher est plus ou moins bien vu. Or, Pour avoir de vraies relations, pour développer une intimité avec quelqu’un, il faut accepter d’être touché. Touché dans le sens physique (s’embrasser, serrer la main, caresser et être caressé…) comme dans le sens émotionnel. On dit de quelqu’un que l’on apprécie particulièrement « Il me touche ». Une situation, un tableau, un poème, un film, une musique qui nous émeut, nous va droit au cœur nous « touche ». Cela signifie qu’au-delà du corporel, nos émotions, notre âme sont atteintes.
Dans un massage donné avec cette intention, quelque chose de l’ordre du dialogue avec l’âme peut se passer. C’est d’ailleurs ce qui permet de différencier un massage techniquement correct d’une pratique en conscience réellement nourrissante.
Du corps aux émotions
Être touché physiquement provoque des sensations physiques mais aussi émotionnelles. Le massage est une occasion de les retrouver. Le monde hypercérébral dans lequel nous vivons nous coupe la plupart du temps de nos ressentis. La main qui vient toucher les fait remonter des profondeurs de la psyché, dans un environnement favorable où le cerveau n’est pas sollicité. La table de massage est donc l’un des endroits, par excellence où l’on peut s’y reconnecter, voire même les exprimer.
Le massage ramène à soi, atteignant les méandres de l’inconscient par le biais de la main bienveillante, « maternelle » pourrait-on dire du massothérapeute, rappelant le temps béni de la parfaite symbiose avec la mère, dont nous avons tous consciemment ou non la nostalgie. Ce toucher d’acceptation inconditionnelle que prodigue le massothérapeute, en (r)appelant ce sentiment prodigue une vraie réparation à tous ceux qui n’ont pas ou trop peu vécu cette union merveilleuse.